Le grand auteur mexicain Carlos Fuentes est mort mardi 15 mai à l’âge de 83 ans dans un hôpital de Mexico à la suite de problèmes cardiaques. Considéré comme l’un des plus célèbres écrivains latino-américains, Il avait acquis une notoriété internationale dès l’âge de 30 ans avec son premier roman, La plus limpide région (1958). Il avait obtenu en 1987 le prestigieux prix Cervantes.
Apprécié pour ses engagements et ses qualités artistiques et intellectuelles à travers le monde, Carlos Fuentes avait souvent été cité comme potentiel prix Nobel de littérature.
Nombreux sont les hommages qui lui ont été rendus, tant au Mexique qu’à travers le monde. C’est via son compte Twitter que le président du Mexique, Felipe Calderón, a annoncé la mort de cette grande voix de la littérature latino-américaine : « Je regrette profondément le décès de notre estimé et admiré Carlos Fuentes, écrivain et Mexicain universel. Qu’il repose en paix », a-t-il écrit.
Le président français, François Hollande, lui a également rendu hommage en saluant « un homme engagé ». « J’apprends avec émotion la disparition de Carlos Fuentes. Je rends hommage à l’homme engagé, rebelle aux normes et aux dogmes, qui a défendu avec ardeur une idée simple et digne de l’humanité », a-t-il commenté dans un communiqué. « Je salue le grand écrivain de l’identité mexicaine, qui a si bien su exprimer le génie de ce pays confluent, à travers une production littéraire profondément riche et originale », a ajouté le nouveau chef d’Etat.
En guise de conclusion, le président François Hollande a mentionné : « Il atteint aujourd’hui, pour reprendre le titre qu’il a donné à son grand recueil, L’âge du temps, le moment ultime de la mémoire et de la fidélité. Au nom de la France, je salue avec respect ce nom de la littérature universelle, et ce grand ami de notre pays ».
Carlos Fuentes et la France
Carlos Fuentes était en effet un grand ami de la France. Cosmopolite, il vivait entre Mexico, Paris et Londres. Nommé ambassadeur à Paris en 1974, cet amoureux de la France avait été décoré de la Légion d’Honneur par le président François Mitterrand en 1992. En mai 2010, il recevait des mains du maire de Paris, Bertrand Delanoë, la Grande Médaille de Vermeil de la Ville, la plus haute distinction qu’offre Paris, en récompense de son parcours dans le monde des lettres. A cette occasion, il avait prononcé un discours dans lequel il évoquait ses liens avec la France et la capitale française, grâce notamment à l’œuvre de Balzac.
Né au Panama le 11 novembre 1928, de parents diplomates, il a passé une enfance errante entre les Amériques et l’Europe. En 1950, après un diplôme en droit à Mexico et une formation aux relations internationales à Genève, il embrasse la carrière diplomatique avant de s’orienter vers la littérature et le journalisme.
La France a été fondamentale dans sa formation intellectuelle et artistique. C’est dans ce pays qu’il trouvera l’environnement culturel, humain et affectif qui déterminera en grande partie sa maturité intellectuelle. C’est dans la littérature française, qu’il connaît profondément bien, qu’il trouvera sa structure narrative. C’est dans l’Hexagone qu’il vivra des expériences qui font que Fuentes n’aurait probablement jamais été ce qu’il a été sans celles-ci : le contact avec l’existentialisme dans les années 1950 ; sa rencontre avec des écrivains qui, comme lui, ont fait partie du mouvement littéraire connu sous le nom de « Boom latino-américain » (Gabriel García Márquez, Julio Cortázar, Severo Sarduy, Mario Vargas Llosa, etc.) ; les événements de mai 1968 et sa première paternité.
Tout comme Mexico, Paris a occupé une place privilégiée dans le cœur de Carlos Fuentes. Lui-même disait qu’il travaillait à Londres, mais profitait de la vie à Paris avec ses amis français et étrangers qu’il a su conserver. Paris revient d’ailleurs souvent dans l’œuvre de Fuentes, notamment dans Una familia lejana et Terra nostra (Prix Rómulo Gallegos en 1977).
Carlos Fuentes: "Mexico est la seule ville qui stimule mon imaginaire" http://www.lexpress.fr/culture/livre/entretien-avec-carlos-fuentes_815600.html
Brève chronologie de Carlos Fuentes dans sa relation avec la France
1950 : Il arrive pour la première fois à Paris à l’âge de 21 ans. Avec Octavio Paz Il fera des escapades à travers les cabarets existentialistes
Années 1960 : Au cours de cette décennie, Carlos Fuentes viendra souvent en France où il intégrera avec d’autres écrivains et amis latino-américains le mouvement littéraire « Boom latino-américain » avec notamment Gabriel García Márquez, Mario Vargas Llosa, Julio Cortázar, Severo Sarduy et Jorge Edwards. Il se lie également d’amitié avec les peintres Alberto Gironella, Pierre Alechinski et Valerio Adami. Durant ces années, il a travaillé pour l’Agence France Presse.
1963 : Gallimard publie pour la première fois un ouvrage de Carlos Fuentes en France : La plus limpide région.
1968 : Il vit et publie des articles sur les événements du mois de mai.
1973 : Il habite au 8 rue de Bièvre et a pour voisin François Mitterrand. Il finalise son ouvrage Terra Nostra. Naissance de son fils à Paris.
1975-1977 : Il est ambassadeur du Mexique en France.
1977 : Il est jury du Festival de cinéma de Cannes, présidé cette année-là par Roberto Rossellini, peu avant sa mort.
1981 : François Mitterrand l’invite à son investiture à la présidence de la République française.
1991 : Il prononce un discours au siège de l’UNESCO à Paris intitulé « Les cinq cents prochaines années commencent aujourd’hui ».
1992 : Il reçoit l’Ordre de la Légion d’honneur
1999 : Il inaugure à l’Institut des Hautes Etudes de l’Amérique latine (IHEAL) de l’université Sorbonne Nouvelle-Paris III la « Chaire d’études mexicaines Alfonso Reyes ». A cette occasion il donne une conférence magistrale intitulée « Le cinquième soleil ».
2009 : Il est un des auteurs mexicains invités au Salon du Livre de Paris, où le Mexique est le pays invité d’honneur. Il donne une conférence publique, « La littérature latino-américaine », à la Bibliothèque nationale de France. Il est commissaire du cycle de cinéma « La littérature française dans le cinéma mexicain » qui s’est tenu à la cinémathèque française ».
2010 : Le maire de Paris, Bertrand Delanoë, lui remet la Grande médaille Vermeil de la ville de Paris.
2011 : L’université Sorbonne Nouvelle-Paris III et l’Institut Cervantes de Paris organisent un colloque international en honneur et en présence de Carlos Fuentes, « Les lettres de relation de Carlos Fuentes ».
Du 13 au 16 octobre, il est l’invité d’honneur de la « Fête du livre d’Aix-en-Provence »
L’université Michel de Montaigne-Bordeaux 3 lui remet la distinction Doctorat Honoris Causa.
*"L’ambassade du Mexique informe que, suite au décès du célèbre écrivain mexicain Carlos Fuentes, survenu le mardi 15 mai 2012 à Mexico, cette représentation diplomatique ouvrira un livre de condoléances à l’attention de tous ceux souhaitant s’exprimer sur la mort de ce grand intellectuel.
Ce livre de condoléances sera ouvert au public les 16, 17, 18, 21 et 22 mai, de 10h00 à 12h30 et de 14h30 à 17h30 dans les locaux de l’ambassade sise au 9 rue de Longchamp – 75116 Paris.
Carlos Fuentes, qui s’était distingué comme l’un des écrivains les plus importants du XXème siècle, avait également été ambassadeur du Mexique en France entre 1975 et 1977.
Cordialement,
Ambassade du Mexique en France"*
"L’âge du temps,
le moment ultime de la mémoire et de la fidélité".
Paix à son âme!
le moment ultime de la mémoire et de la fidélité".
Paix à son âme!
Bien à vous,
Morgane BRAVO
1 comentario:
Conoci a Carlos Fuentes siendo yo parte de una mision diplomatica en 1975 siendo embajador de Mexico en Francia. En es epoca preparaba su libro "Terra Nostra", una de las visiones mas completas de nuestra identidad mexicana, herencia espaniola e indigena. De ahi le segui sus pasos hasta hace unos meses que nos visito en El Paso, TX. habiendo leido practicamente toda su produccion. El fue, como Borges, uno de los grandes olvidados, que no les fue otorgado el Nobel, tal vez por su ideologia. Esta es una gran perdida no solo para Mexico, sino para el mundo de la literatura. Ya no queda nadie de este calibre. Mis condolencias al mundo que lo hemos perdido
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